La nuit avait été très agitée pour Anastrianna. Son sommeil avait été peuplé de visions de la mort de son bien aimé. A plusieurs reprises elle se réveilla en sursaut, la sueur coulant dans son dos, et sur les plis fatigués de son visage. Elle regarda le ciel rosé qui annonçait une journée ensoleillée. Elle se leva et s'assit sur le bord de son lit afin de se mettre les idées au clair. Elle avait décidé bien rapidement de son départ, elle n'allait pas revenir sur cette décision bien au contraire. Décidée plus que jamais, elle s'avança donc vers le meuble où le nécessaire de toilette été installé.
Elle alla prendre la cruche sur la table et déversa avec attention l'eau dans
le bassin prévu à cet effet. Après avoir plongé un morceau de tissu d'un blanc laiteux, elle le passa sur son visage. La morsure de la fraîcheur lui fit le plus grand bien. Une fois sa toilette terminée, Anastrianna alla dans la pièce adjacente pour y prendre des vêtements confortables pour l'aventure qui se présentait à elle.
Elle revêtit donc une chemise de lin blanc, serrée négligemment par un cordon sur le devant; un pantalon de cuir noir qui était maintenue par une ceinture à ses armes. Elle sortit également de son armoire, une cape de voyage avec un capuchon, et une couverture de laine pour les nuits froides, elle les plia avec attention et les mis dans un des sacs que porterait Astrée sa jument.
Elle chaussa ses cuissardes de cuir avant de descendre dans la salle d'armes pour y prendre de quoi se défendre. Elle empoigna par la garde "l'Elue", l'épée favorite de son cher Thamior Naïlo, ainsi que son bâton de mage, finement travaillé dans un bois de saule pleureur couronné par un orbe de cristal rose.
Après cette halte, elle se dirigea dans les cuisines où Jaïna et d'autres domestiques s'afféraient à préparer des vivres pour leur maîtresse. Elle sourit en voyant cette activité, et quitta la pièce pour rejoindre l’écurie afin d’y seller sa jument. Elle fut étonnée de la voir déjà préparée, et ne déposa donc que ses affaires de voyage sur l’avant de sa selle.
Elle revint donc sur ses pas pour y prendre les vivres préparés à son
attention. Un petit déjeuner copieux avait été également préparé. Touchée par cette attention, Anastrianna eut une grande peine à retenir ses larmes, comme les domestiques d’ailleurs. Tout se passa dans le plus grand silence. Elle eut un sourire timide pour chacun de ses gens avant de prendre le chemin de l’écurie. Une fois sur place elle y découvrit Tyriel, qui l’attendait les rennes d’Astrée en main. Il avait également une petite mine, des cernes étaient présentes sous ses yeux, le vieil homme s’approcha lentement de la jeune femme pour lui remettre les rennes. Ana s’en saisit et grimpa en selle, avant qu’elle ne parte Tyriel, lui prodigua quelques conseils, comme un père l’aurait fait à sa fille.
-Fait attention Anastrianna. Ne t’aventure pas trop dans les
terres de Galoregor, ne tente pas le
diable. Promets le nous.
La jeune femme acquiesça d’un mouvement de tête et partit à brides abattues vers le dernier point où elle avait eut des nouvelles de Thamior : La vallée de Ceth.
Elle ralentit l’allure à mi-journée pour laisser à sa jument des forces jusque dans la soirée. Le temps était au beau fixe, et donné un espoir à Anastrianna sur la situation dans laquelle se trouvait Thamior. La journée se déroula sans incident, et le voile de la nuit commença à s’étendre dans le ciel azur.
Anastrianna chercha un endroit où elle pourrait monter son bivouac. Elle arrivait en vue de la lisière de la forêt de Brumebois . Elle y arrêta Astrée, et descendit de selle pour faire l’inspection des alentours, armes en main. Rien ne semblait véritablement dangereux ici, elle déposa donc ses sacs et dessella Astrée pour lui laisser une plus grande liberté de mouvements. Elle s’aventura dans les bois pour prendre quelques bûches afin de faire un feu qui puisse durer jusqu’au petit matin, éloignant ainsi les prédateurs.
La soirée se passa sans gros incidents, Anastrianna reçut même la visite de petits rongeurs, et partagea ses victuailles avec eux. L’astre lunaire était à son zénith quand l’inquiétude et la tristesse s’emparèrent à nouveau du cœur d’Anastrianna. Elle envisageait de nouveau le pire. Recroquevillée sur elle-même, elle essaya de ne pas se laisser envahir par la peur de la nuit, et d’un sombre avenir qui pourrait se révéler vrai.
Le soleil pointa à l’horizon. Malgré sa détermination, Anastrianna avait cédé à l’appel du sommeil. Recroquevillée sur elle-même, elle murmurait un ensemble de mots, l’ensemble était proche de la prière. Une brise légère lui frôla le visage, l’instant suivant elle se trouvait debout, arme au poing. Elle baissa la tête en voyant son attitude. Elle rengaina son épée, et s’avança vers sa jument pour y prendre un de ses sacs. L’animal demanda des caresses en voyant sa maîtresse approcher. Ana lui donna de bon cœur. Tout en cajolant l’animal, la jeune femme regardait scrupuleusement les alentours, elle avait l’impression d’être observer, mais peut-être était-ce son imagination qui lui jouait des tours. Un bruissement de feuilles la fit se détourner de l’animal, la main sur la garde de « l’Elue », elle avança à pas feutrés vers les craquements et bruissements de feuilles. Elle arrivait devant le fourré suspect, d’un geste rapide elle l’écarta de la pointe
de son arme pour faire apparaître les coupables.
-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhh ! Hurlèrent ensemble les deux jeunes filles.
Anastrianna recula d’unpas en voyant Dana et Terra blottit l’une contre l’autre.
-Mais que faites-vous là ? Demanda la jeune femme étonnée de la présence des deux employées de Thor.
Elles se regardèrentdans les yeux, avant que Terra prenne la parole.
-Mais c’est pourtant simple !
-Oui, c’est très simple !
Anastrianna leva les yeux au ciel, elle allait avoir le droit à l’une des excuses impossibles des jumelles. Les deux jeunes filles se redressèrent et toisèrent Anastrianna, avant de se diriger d’un commun accord vers les sacs de victuailles que transportaient Astrée. Elles sortirent plusieurs fruits qu’elles se partagèrent et allèrent s’asseoir près du foyer qui mourait lentement.
-En fait, ch’est simple ! Terra, elle voulait être la premère avoir le privilèche de serrer Thamior dans ses bras. Elle t’as donc chuivit… Et puisqu’elle ne chait rien faire toute cheule, je chuis partie avec elle. Voilà.
Dana termina sa phrase, et sa pomme, laissant la parole à sa sœur, légèrement écarlate devant la révélation que venait de faire Dana.
- Euh… en fait… ce n’est pas tout à fait vrai… on s’inquiétait pour toi ! Elle secoua la tête pour appuyer ses paroles. Alors on a pas hésité à prendre la route nous aussi.
Elle lui fit un sourire innocent, espérant atténuer la rage qui commençait à percer dans les yeux d’Anastrianna.
Cette dernière n’avait pas cessé de les observer depuis qu’elle les avait surprises dans leur buisson. Leur présence avait mis Anastrianna
dans une colère noire. Elle essayait tout de même de se calmer, mais il fallut que les jumelles en rajoute pour qu’elle ne puisse plus tenir et laisse éclater le volcan qui sommeiller en elle.
-Et puis tu étais tellement belle quand tu dormais qu’on a pas voulut de réveiller !
-Oui, on aurait dit la belle au bois dormant ! Tu…
-Ca suffit ! Vous allez rebrousser chemin et aider Thor à la taverne ! Si j’avais besoin de garde du corps j’aurais engagé des mercenaires, et pas deux oies blanches comme vous ! Je suis assez grande pour me débrouiller toute seule ! Rentrez à la taverne immédiatement !
Le ton autoritaire d’Anastrianna avait glacé le sang de Terra qui sentait les larmes lui monter. Dana l’aida à se relever, toutes deux avaient l’air penaudes de deux enfants prises en faute. Elles commencèrent à revenir sur leurs pas de la veille, jetant un dernier regard suppliant à Anastrianna pour qu’elle leur accorde cette petite escapade. La jeune femme leur désigna la route d’un geste. Elles n’insistèrent plus et partirent en traînant des pieds.
Après ce petit incident de parcours, Anastrianna se remit vite en selle pour trouver le plus rapidement possible, le membre des Phénix Noirs qui manquait à l’appel.