La légère brise nocturne jouait avec ses mèches de cheveux, au bord du fleuve Ceth, Lady Anastrianna admirait la quiétude du lieu. En cette soirée estivale, quelques lucioles batifolaient, tout était si calme et paisible, qu'il aurait été facile d'oublier les troubles politiques que subissait le royaume. Les conflits n'étaient pas très pesant sur sa vie quotidienne, mais ces moments de solitude et de paix étaient très précieux pour qu'elle ne les savourent pas pleinement. Elle prit place au bord du fleuve, regardant les clapotis de l'eau sur la berge. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, les enlaçant de ses bras blancs.
Un soupir, puis un deuxième.
Elle se sentait bien seule par les temps qui couraient.
Les Phénix Noirs l'avaient accueilli comme une reine, elle était pour nombre d'entre eux, la baronne. Néanmoins, le temps de la régence était estompé. Anastrianna ne ressentait plus l'étincelle d'espoir qui l'avait poussé à fonder les Phénix.
Etait-ce la fin d'une époque ?
Thamior avait depuis longtemps quitté les terres d'Alidhan pour embarquer comme mousse et vive des aventures sans doute palpitantes...Elle était demeurer, seule à attendre son retour..qui ne se présenterait sans doute jamais plus. Le guerrier, l'aventurier qu'il était, n'avait pu être contraint à demeurer à Cyrosh pour servir une cause quasi immobile...
Que lui restait-il désormais ?
La jeunesse d'un avenir prometteur ? Elle avait passer l'âge de croire à l'arrivée du prince charmant sur son blanc destrier...Le temps guérit les peines dit-on...avec le temps Anastrianna apprit à vivre avec la douleur lancinante qui larvait dans son âme prête à la consumer à la moindre peine...
Seule, elle devait rester, seule, si elle ne voulait pas se consumer...tel l'oiseau de feu, le phénix...l'emblème de son amour brisé. Il n'y avait que cette solution. La solitude pour éviter la trahison. La solitude pour panser les blessures laissées par un homme égoïste...
Une vie suffira-t-elle pour oublier ?
Une larme scintilla sous les rayons de la lune avant de tombé sur le dos de sa main. Elle porta ses mains à son visage pour offrir un asile à ses larmes. Seul le tressautement de ses épaules la trahissait, silencieusement, avec pour seul témoin l'astre nocturne, la Lady laissa la douleur la quitter durant ces brefs instants.
Le bruissement de l'herbe se fit entendre. Elle se redressa, essuya les sillons laissés par les larmes, et afficha un sourire timide pour l'inconnu qui se présentait tardivement aux abords du fleuve.
Son instinct lui affirmait que ce n'était pas un ennemi, mais ne l'avait-il pas trompé auparavant, en écoutant les douces et charmeuses paroles de Lord Naïlo ?
Par simple précaution, ou désir de survie, elle resserra la prise sur sa baguette, les yeux rivés sur l'eau dansante du lac.
Encore un battement de coeur, un souffle et la solution sera offerte.
Ami ou Ennemi ?